Birmanie : Mandalay, Pyin Oo Lwin et Hsipaw

Nous avons fait les 8h de bus qui relient Yangon à Mandalay dans un cocon : un bus super confortable, avec des sièges larges et moelleux. Seul bémol : l'air co à fond, mais comme on avait lu que c'est habituel en Birmanie, nous avions prévu les couches nécessaires à un voyage confortable.
Nous étions les seuls étrangers dans le bus.
Côté paysages, plutôt plat et sec, avec peu d'habitations et de cultures.

Mandalay, on ne savait pas trop quoi en attendre. La ville est très poussiéreuse et bruyante (les scooters sont nombreux). On a bien aimé les alentours, avec des collines remplies de stupas dorés et un long pont en bois qui surplombe des champs inondés pendant la saison des pluies.







Un Birman qui nous a conduits dans la région avait les dents toutes rouges à cause de la noix de Béthel qu'il chiquait. Ca donne un sourire particulier :-)

Le lendemain, nous prenons la route vers Pyin Oo Lwin, une petite ville à 1000 m d'altitude, qui était le refuge des Anglais vivant à Mandalay pendant les chauds mois d'été. Les quelques maisons coloniales sont des grosses villas du début du 20e siècle. Il y a aussi un jardin botanique assez sympa, notamment parce que c'est une bonne respiration après les villes de Yangon et Mandalay.
Les descendants d'Indiens sont nombreux dans cette petite ville car l'armée coloniale était composée de beaucoup d'Indiens et elle avait une base ici.

Le jour suivant, nous prenons le train pour Hsipaw, sur la ligne qui va vers la frontière chinoise. Toute une expérience ! Les vieux wagons sautent et balancent de droite à gauche et de gauche à droite, en raison de l'ondulation des rails. À un moment, c'est tellement fort qu'un sac à dos tombe du porte-bagage. Ca secoue et on est content d'être assis dans les confortables sièges de 1e classe plutôt que sur les bancs en bois de la classe éco. Même si ça signifie être dans un wagon presque exclusivement rempli de touristes...






L'intérêt de ce voyage de 8h : voir la jolie campagne birmane et  un viaduc construit à l'époque des Anglais.
Tout au long du voyage, des enfants saluent les passagers. De chaque côté du viaduc, des Birmans viennent voir le spectacle du train qui passe sur la grande structure métallique. Il y a un train par jour dans chaque sens.

Hsipaw est une petite ville assez tranquille et encore peu touristique, même si ça se développe d'année en année. Les campagnes aux alentours sont jolies. C'est le temps de la récolte du riz, le maïs ne va pas tarder, les haricots et les patates sont en pleine croissance, ... Les buffles mangent dans les rizières asséchées. Les fermiers ont des motoculteurs et d'autres machines pour leur faciliter le travail même si ça reste assez manuel. Apparemment,  les agriculteurs s'entraident pas mal pour les activités agricoles.




Il y a plusieurs monastères, dont un qui passe en boucle des prières enregistrées qu'on entend dans presque toute la ville.




La Birmanie est composée de plusieurs groupes ethniques, dont certains avaient leur propre gouvernement / royauté jusqu'au coup d'Etat. Nous sommes dans l'Etat Shan, où le dernier prince Shan a été arrêté et probablement tué en 1962  par les militaires. L'épouse de son neveu garde son palais (une grosse villa du début du XXe siècle) et  raconte aux visiteurs l'histoire du prince et de son épouse autrichienne (voir le livre "Twilight over Burma : My life as a Shan Princess"). Elle a beaucoup d'espoir envers le nouveau gouvernement qui sera mené par Aung San Suu Ki.

Hsipaw, c'est aussi le point de départ pour des randos dans la région. Nous en faisons une de 2 jours qui nous mène dans quelques villages et la "montagne" aux alentours (entre 700 et 1400 m).



Notre guide a 16 ans. Il travaille un peu après la fin de ses études secondaires pour financer une partie de ses études à l'unif, qu'il débutera en novembre prochain. Quand il partage avec nous quelques-uns de ses chanteurs préférés,  de la pop ou de la soul anglo-saxone,  il n'y en a qu'un qu'on connaît : Justin Bieber :-) Je lui fais écouter Queen, qu'il ne connaît pas. Le gap des générations ... et la mondialisation d'une certaine culture même dans un pays qui semble avoir été isolé de l'exterieur pendant longtemps...

Nous dormons dans un village de 200 habitants.  Il y a une école primaire. Pour les études secondaires, les enfants doivent aller à Hsipaw, oû ils logent la semaine pour éviter de trop longs trajets quotidiens. 



Comme la plupart des maisons de campagne, celle qui nous accueille a des murs en bambou tressé. Un panneau solaire et des batteries donnent de l'électricité pour la soirée.  Pour l'eau, il faut aller la chercher à un robinet communautaire à quelques mètres de la maison. C'est assez sommaire et pourtant le mot pauvreté ne nous est pas venu à l'esprit, notamment parce que la nourriture ne manque pas (c'est celle qu'ils produisent) et parce que des améliorations sont en cours, probablement grâce à l'argent du tourisme. 




On ne peut pas parler de détresse non plus : comme beaucoup de Birmans, les gens chez qui nous avons dormi rient beaucoup et sont plein d'entrain. Certains chantent en travaillant.



C'est dans le village que nous avons le mieux mangé depuis que nous sommes arrivés en Birmanie. Beaucoup de légumes, du riz et des nouveautés : des feuilles de thé en salade, de la soupe de feuilles de banyan (un arbre courant en Asie), et des galettes de fèves cuites au soleil. C'était juste un peu particulier de manger ce genre de nourriture au petit-déjeuner...

Enfin, nous avons de nouveau sympathisé avec d'autres voyageurs à Hsipaw. C'est toujours gai. Et nous avons rencontré les premiers Belges francophones depuis le début de notre voyage ! De la région liégeoise,  en plus :-)  On a rencontré souvent des Flamands, à croire qu'ils voyagent plus que les francophones...